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Jean-Francois Prost

Jean-François Prost

Artiste interdisciplinaire / Architecte alternatif / Catalyseur / Flâneur, 54 ans  

Jean-François Prost est un artiste interdisciplinaire diplômé en architecture et en design de l’environnement. Il s’intéresse aux nouveaux territoires urbains de recherche en marge des zones investies habituellement : qu’il s’agisse de lieux (et situations) négligés, indéterminés ou d’autres surcontrôlés et sans spécificité apparente. Son travail vient réactiver et promouvoir l'engagement social et défendre la présence de l'art partout en tout temps.

Depuis 1998, son travail individuel et en tant que fondateur de la plateforme Adaptive Actions (2007) et co-fondateur de l'atelier SYN- (2000) a été présenté à la Liverpool Biennial, au Centre Canadien d’Architecture à Montréal, à Dare Dare, à la Manif d’art de Québec, à la Biennale Madrid Abierto, aux fondations Graham et Musagetes.

Parmis toutes les questions qui habitent votre esprit en lien avec le vieillissement en ce moment, quelle est celle qui vous anime et que vous voudriez partager?

Quelles actions, architectures et aménagements favorisent l'arrêt comme condition et pratique urbaine pour une meilleure vie sociale et la construction du commun? Quelles typologies et formes urbaines devons-nous encourager ou dissuader pour réaliser des villes ouvertes, inclusives et participatives pour des personnes âgées et diverses minorités?

Partagez avec nous une image inspirante du vieillissement.

Récemment la nuit, j'ai vu un homme âgé seul dans un fauteuil roulant arrêté sur la rue Sainte-Catherine que les passants montraient du doigt en rigolant. Le public le trouvait étrange car il était là immobile un samedi soir sur cette importante rue commerçante pour contempler les citadins tout simplement et sans consommer. De mon côté j’ai trouvé cela attendrissant et courageux de la part de cet homme pas gêné d'être là et indifférent à ce qu’on pouvait penser de lui. Par sa présence sur ce trottoir étroit conçu essentiellement pour circuler il revendiquait son droit à la ville comme les autres passants. Cette action à la fois banale et singulière rendait son corps visible dans l'espace public.

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En lien avec vos expériences, racontez nous un moment ou un événement significatif dans votre parcours de vie personnelle ou professionnelle qui a transformé votre perspective sur le vieillissement.

À Mexico je me suis longuement intéressé aux arrêts pour leur contraste avec le mouvement incessant des gens et les structures afférentes dans les villes actuelles où on décourage et parfois même interdit une autoconstruction du temps et de l'espace. S'arrêter : geste de résistance et de résilience dans un monde conçu principalement pour encourager le travail, la consommation, la croissance perpétuelle et l’efficacité. L’arrêt comme pratique de la ville. Dans des villes de plus en plus élaborées pour dissuader les pauses et l’occupation oisive de sites désignés, l'arrêt apparaît comme un espace de rupture, de plaisir, d'intimité, ou simplement de nécessité et de repos. En vieillissant, une diversité de situations ou de lieux propices à l'arrêt permet d'envisager entre autres de parcourir une plus grande distance à pied pour effectuer des courses, visiter une personne, ou de se détendre pour apprécier davantage une rue. À Mexico l'aspect informel de la ville offre une multitude de lieux, d'objets et de kiosques facilitant la construction d'un rythme personnalisé. L'arrêt est individualisé et intégré de manière naturelle aux déplacements d’une personne. Une multitude de situations favorisent l'arrêt et ainsi la conversation, une activité fondamentale à maintenir avec l'âge si l’on désire vivre vieux et combattre la solitude, un problème particulièrement préoccupant en Amérique du Nord.

Lors de nos rencontres en octobre dernier, vous aviez imaginé poser des premiers pas, des premiers gestes. Pouvez-vous nous les rappeler? Pouvez-vous nous dire ce qui est arrivé quand vous les avez posés?Sincèrement, je ne sais pas si j'ai posé de premiers pas ou des gestes à cette étape des rencontres. J'ai surtout appris à connaître quelque peu les autres membres du groupe. J'ai écouté leurs commentaires et réflexions et j’ai partagé mes premières impressions.

Si, dans les prochains mois, on vous donnait le temps, l’énergie et les ressources nécessaires pour mettre sur pied un (nouveau?) projet ayant pour cœur nos questions communes, quel serait-il?

J'aimerais approfondir avec le groupe une réflexion sur l'architecture comme milieu de vie et d'épanouissement pour un vieillissement organique et dans la pluralité. Comment pouvons-nous imaginer et créer des environnements quotidiens plus inspirants, moins oppressants et pas simplement fonctionnalistes? Comment pouvons-nous insuffler de la fantaisie, de la liberté et de l'humanité dans nos environnements austères, surcontrôlés et surprogrammés qui nous rendent passifs et nous déresponsabilisent. Quelles actions performatives, artistiques ou d’archiponcture pourraient transformer des espaces d’exit en des lieux créatifs, vivifiants et en hommage à la vie. Quels types d’architecture, d’aménagement et de typologies peuvent contribuer au développement d'une société réellement intergénérationnelle.

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